HISTORIQUE DES DERNIÈRES DÉCENNIES

Les grandes îles de la rivière des Mille Îles, au nombre de quatre, sont groupées entre les territoires de Terrebonne et de Saint-François à Laval. L'une d'entre elles, l'île Saint-Jean, la plus à l'est, ne contient plus d'espaces naturels à protéger. Vers 1967, M. Eliasz Kotler en commençait le développement résidentiel. Il s'y réservait une emprise pour un pont éventuel vers l'île aux Vaches1.

Les trois autres îles constituent un espace naturel de grande qualité. Deux des trois îles ne sont accessibles que par l'eau et sont la propriété d'une seule compagnie.

 

LES ÎLES AUX VACHES ET SAINT-PIERRE

Vers 1970, un projet de ferme internationale éducative sur l'île aux Vaches n'est pas réalisé. Il sera récupéré par Pierre Dansereau à Sainte-Anne-de-Bellevue.

L'île aux Vaches et l'île Saint-Pierre, alors zonées agricoles, sont acquises en 1975 par M. Kotler. Ce dernier tente d'obtenir la construction d'un pont depuis Laval jusqu'à son île aux Vaches, afin de mettre en valeur ses terrains.

Devant le refus de Laval, le propriétaire se tourne vers Terrebonne. En 1978, M. Kotler, demande l'annexion des deux îles à Terrebonne. Laval refuse2. Dans une déclaration, M. Lucien Paiement, alors maire de Laval, indique préférer garder les îles pour les aménager en parc dans le futur.

En 1983, la MRC de Laval (Proposition de schéma révisé, p. 37) souscrivait aux conclusions du rapport SOMER qui préconisait un usage récréatif pour les îles aux Vaches et Saint-Pierre.

En 1989, tout comme de nombreuses autres terres agricoles de Laval, les deux îles passent d'un zonage agricole à un zonage RX, c'est à dire « sujet à un plan d'aménagement » permettant la construction d'unifamiliales isolées, exclusivement le long des rues existantes en 1988. Mais comme il n'y a pas de rues sur les deux îles, tout développement nécessitera une consultation publique. Ce changement de zonage se fait en échange d'une entente avec la famille Kotler, à savoir un arrêt des demandes de dézonage sur le reste du territoire agricole de Laval, déjà très réduit par le dézonage de 1989.

En 1991, un gigantesque projet de développement domiciliaire sur l'île aux Vaches présenté par Monit International (compagnie de M. Kotler) reste sans suite à cause des difficultés de construction d'un pont.

En 2002, un nouveau projet de Monit International prévoit la construction de 1500 habitations sur les deux îles.

En 2003, comme Laval ne pouvait pas offrir le service de traitement des eaux usées sur ces îles, elle achemine une demande à Terrebonne. Terrebonne refuse.

En 2003, plusieurs groupes et organismes environnementaux ont demandé à M. Thomas Mulcair, ministre de l'environnement, une audience publique du BAPE au sujet du projet de développement de l'île aux Vaches.

En 2004, lors des audiences publiques en vue du Schéma d'aménagement de la MRC Laval, sept mémoires3,4,5,6,7,8,9 sont présentés, dont deux sont accompagnés de pétitions totalisant plus de 900 signatures. Ces mémoires soulignent le potentiel récréotouristique du corridor de la rivière et recommandent que les trois îles (en incluant l'île Saint-Joseph, dont l'historique est traité ci-bas) soient conservées et mises en valeur.

 

L'ÎLE SAINT-JOSEPH

En 1947, un pont est construit entre l'île Jésus et l'île Saint-Joseph pour faciliter le passage du bétail10.

Vers 1950, deux aires de camping et une plage récréative sont en opération. La fusion des municipalités de l'île Jésus entraîne la vente et la spéculation.

En 1970, l'île est zonée RX-1, c'est à dire à développer, avec permis d'unifamiliales détachées sur les rues existantes en 1970 et permis de parc de maisons mobiles sur toute l'île11.

À partir de 1970, plusieurs projets resteront sans suite : des projets de maisons de luxe et condos, un premier projet de transformation de l'île en espace naturel, abandonné faute de fonds,12 un second projet de conservation présenté par Éco Nature, enfin, un projet présenté par Canards Illimités pour mettre en valeur le marais de l'île Saint-Joseph.

En 1992, Laval présente un projet de développement domiciliaire d'environ 400 maisons aux résidants des zones contiguës. Ceux-ci s'opposent à la modification au règlement de zonage qui est requise.

En 1993, les citoyens des zones contiguës s'opposent à un nouveau projet de développement d'environ 200 maisons. Le maire invite les citoyens à créer un comité dont le mandat sera d'étudier objectivement les diverses possibilités de développement de l'île. Le Comité d'étude sur le développement de l'île Saint-Joseph est formé.

En 1996, le « Mémoire sur le développement de l'île Saint-Joseph » est remis au maire. Il recommande l'acquisition et la mise en valeur de l'île en un parc qui s'inspirerait du parc de l'Île-de-la-Visitation, à Montréal.13

En 1998, la Corporation de mise en valeur de la Rivière-des-Mille-Îles présente son plan directeur, lequel est résolument axé vers l'exploitation des actifs récréotouristiques.14

En 2006, l'île est acquise par Luigi Liberatore.15

 

LA MOBILISATION POUR SAUVER LES ÎLES S'INTENSIFIE

En 2001, un avis public de règlement de zonage (L-2001-2603) passe inaperçu. Par ce règlement la Ville modifie d'un coup le zonage de 131 zones RX (30 zones RX et 101 zones numérotées de 1 à 101). Ces zones représentent entre 5 et 10 % du territoire lavallois. Les plus beaux espaces et les plus intéressants au plan social, écologique et environnemental, se trouvent dans ces zones. Mentionnons entre autres le boisé Papineau, le bois de l'Équerre, des zones inondables, des milieux humides, des milieux de terre noire et le joyau de la rivière des Mille Îles que représentent les îles Saint-Joseph, Saint-Pierre et aux Vaches.

En 2006, des articles de journaux informent les citoyens de l'existence d'un nouveau projet de développement sur l'île Saint-Joseph, projet qui ne nécessitera pas de consultation publique. Les documents obtenus par le biais de la loi d'accès à l'information permettent aux citoyens de déceler des irrégularités dans l'avis public et de comprendre pourquoi cet avis est passé inaperçu en 2001 et n'a pas, dans les faits, donné lieu à la consultation publique.

En 2007, deux avis juridiques confirment les soupçons quant aux irrégularités du règlement de zonage et à leurs conséquences sur les droits des citoyens. En décembre, une plainte est acheminée au Ministère des Affaires municipale et des Régions (MAMR), accompagnée d'une demande de moratoire sur les zones RX encore vierges.

En janvier 2008 , une nouvelle association voit le jour : Sauvons nos trois grandes îles de la rivière des Mille Îles. Composée de citoyens de Laval, Montréal, et la Rive-Nord, de groupes environnementaux et de leurs représentants, l'association se voue à la sauvegarde, la conservation et la mise en valeur des îles Saint-Joseph, aux Vaches et Saint-Pierre.

En février, un groupe de citoyens demande à Mme Nathalie Normandeau, la Ministre du Ministère des Affaires municipales et des Régions (MAMR), d'ouvrir une enquête pour faire la lumière sur le règlement de zonage L-2001-2603 adopté par la Ville. De plus, ils demandent à la Ministre d'empêcher toute nouvelle construction dans les zones visées.

En mai, par un avis public de Projet de loi d'intérêt privé, Laval demande à l'Assemblée nationale de « confirmer la validité du règlement L-2001-2603 ». Les citoyens perçoivent cette demande comme un affront aux droits démocratiques.

À partir du mois de mai, des membres de notre Organisme rencontrent les élus municipaux et provinciaux afin de les sensibiliser à son projet de parc.

À partir de juin, nous approchons la population afin de sensibiliser les citoyens à la nécessité de protéger les îles et de les mettre en valeur. Les citoyens sont invités à signer notre pétition, soit manuscrite soit électronique. Environ  95% des personnes sollicitées signent.

En août, les experts du MAMR rendent leur rapport d’analyse et confirment que toutes les allégations formulées dans la plainte concernant l’adoption du règlement de zonage L-2001-2603 sont fondées. Le règlement adopté par Laval comportait de graves irrégularités.

En novembre, les députés lavallois s’engagent à demander à Mme Line Beauchamp, la  Ministre du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), de décréter une mise en réserve de 2 ans sur les 3 îles.

 

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N.B. Notez que vous pouvez compléter cet historique en consultant les sections Actualités et Archives.

 

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  1. Yannick Bhérer, La maison Gascon, 1985.
  2. Danielle Comtois, Sauvons nos trois grandes îles de la rivière des Mille Îles, 2008.
  3. Préservation et mise en valeur des milieux naturels. Mémoire du secteur Auteuil relatif au Schéma d'aménagement révisé de la MRC de Laval, François Viau et Ginette Grenier, 2004, 13pp.
  4. Préservation et mise en valeur des milieux naturels. Mémoire du Secteur Saint-François relatif au Schéma d'aménagement révisé de la MRC de Laval, par Danièle Vigeant, 2004, 5pp.
  5. Mémoire soumis à la MRC de Laval dans le cadre de la consultation entourant le schéma d'aménagement, par le Comité de protection de l'environnement de Saint-François, Laval 2004, 22pp.
  6. Présentation au préfet de la MRC de Laval du Mémoire sur le développement de l'île Saint-Joseph, 30 septembre 2004, Claude Talbot.
  7. Réquisitoire, par M. Saint-Arnaud, 2004.
  8. Mémoire du CRE de Laval, 2004.
  9. Mémoire d' Éco Nature, 2004.
  10. Comité d'études sur le développement de l'île Saint-Joseph, www.ilesaintjoseph.dyns.net.
  11. Lettre de Gilles Vaillancourt au ministre de l'Environnement, 8 oct. 1996.
  12. Projet du ministère de l'Environnement.
  13. Comité d'études sur le développement de l'île Saint-Joseph, www.ilesaintjoseph.dyns.net.
  14. Comité d'études sur le développement de l'île Saint-Joseph, mise à jour du 4 janvier 2001, www.ilesaintjoseph.dyns.net.
  15. Devant Me Martial Lavoie, notaire à Laval.